Le 6 avril 2018, Gérard Vincent s’en est allé inopinément. Il était une figure emblématique des Voyages Léonard et de la région.
«C’était quelqu’un de précieux, de rare, quelqu’un qu’on regrettera et, surtout, quelqu’un qu’on n’oubliera pas. C’est certain… », déclare avec tendresse Véronique Léonard, la directrice des Voyages Léonard. Gérard Vincent, qui habitait Wegnez, a rejoint les cieux ce vendredi 6 avril, il avait 68 ans. Figure emblématique des Voyages Léonard et de la région, il est parti, dans son sommeil, en laissant derrière lui son épouse Françoise Moray, ainsi que des collègues et nombre de collaborateurs et amis en deuil.
C’est qu’en quarante ans de carrière aux Voyages Léonard, Gérard Vincent a laissé une trace indélébile. Son aventure dans la compagnie de voyages a commencé en tant que guide accompagnateur en 1975. Très vite, il devient un personnage incontournable que les vacanciers et collaborateurs aiment voir et revoir. «Il travaillait principalement en Autriche, dans le Tyrol, à Serfaus. Si cette destination a prospéré, c’est d’ailleurs en partie grâce à lui, sourit Véronique Léonard. Il était très serviable. Les gens l’aimaient beaucoup. » Serfaus devient d’ailleurs sa deuxième maison. « La marche était sa grande passion! »
Plus tard, en 1999, il commence à travailler au service marketing. « Il faisait le tour des agences en Wallonie et avait le rôle de commercial.»
Non content de son excellent travail de guide ou encore de commercial, Gérard Vincent aimait les défis. À l’heure d’organiser une fête d’inauguration pour la nouvelle agence à Barchon, en 2000, il s’insurge quand Véronique Léonard propose à son père de faire appel à une société événementielle. «“On le fera bien nous-mêmes”, m’a-t-il dit avec une lueur dans les yeux qui signifiait: “Toi, ma grande. Je vais te la reclaper”. Et effectivement, il l’a fait, se souvient en riant Véronique Léonard. Il était sur tous les fronts.»
Enchaînant les foires et les salons de vacances, il devient rapidement la personne de référence. «Notre célèbre salon des vacances du mois de janvier est d’ailleurs passé de 12 exposants en 2000 à 125 l’année passée. Il était vraiment très apprécié.»
«Il faisait partie de la famille»
S’il a pris sa retraite en 2015, ce n’est pas pour autant que Gérard Vincent avait quitté la maison Léonard, sa seconde famille. « Il continuait à faire des salons pour nous. Et, il y a encore quinze jours, il était passé au bureau. Il nous avait alors raconté qu’il avait marché une vingtaine de kilomètres. Nous avions du coup décidé avec plusieurs collègues d’aller ce samedi (le 7 avril) marcher du côté de Val-Dieu avec Gérard. Et toute la journée de jeudi, nous avions échangé des messages avec lui à ce sujet. »
Le lendemain, c’est donc avec beaucoup de tristesse que ses anciens collègues ont appris sa disparition. «Il y avait vraiment un silence pesant dans les bureaux. Énormément de collaborateurs pleuraient, que ça soit les jeunes ou les plus âgés. C’est très difficile », décrit Véronique Léonard, qui ajoute avec affection: «Je perds quelqu’un de très précieux. C’était quelqu’un qui faisait partie de la famille! Il était toujours jovial, toujours prêt à rendre service. Et puis, il avait un humour sans pareil, il vous racontait des carabistouilles incroyables. Plus c’était gros et plus les gens le croyaient (rires). »
Depuis vendredi, les marques d’affection se multiplient. «On a appris hier (le 6 avril) qu’il y avait une dizaine d’hôteliers autrichiens qui venaient pour ses obsèques. Une hôtelière alsacienne m’a appelée hier. Elle pleurait et me disait qu’elle allait faire le voyage. Nous avons reçu des mots et des appels d’énormément de clients, de collègues chauffeurs de bus… On est tous sous le choc. »
L'adieu à Gérard
Lors des obsèques ce mardi 10 avril, ses collègues léonardiens lui a rendu un bel hommage à travers ce discours :
"Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, c’est à nous de faire le discours, l’un de tes exercices favoris. Précaution d’usage que tu ne manquais jamais de faire : rassurer l’auditoire sur la durée du discours. « Promis, ce ne sera pas long… tout au plus deux ou trois heures »
Lorsque que chaque année, tu enfilais ton palto pour rejoindre ta montagne, nous étions un peu jaloux mais réconfortés à l’idée de te retrouver en septembre.
Lorsque tu as pris ta pension bien méritée, tu manquais à notre quotidien mais nous nous réjouissions de te retrouver à la première occasion ; tantôt autour d’une bonne table à refaire le monde et les Voyages Léonard ; tantôt à nous accompagner dans les préparatifs d’une marche, d’un salon ou d’un voyage… A chaque fois, nous étions certains de pouvoir compter sur ta présence tellement rassurante.
En nous quittant ce 6 avril, tu nous laisses orphelins, avec pour seule consolation les souvenirs du drôle que tu étais.
Mais qui étais-tu, Gérard ? Toujours sapé comme un mannequin, tu avais tout d’un américain. Toujours un mot pour rire, c’était ta carte pour séduire. Plutôt danseur incertain, tu n’étais pas un grand marin. Pilote d’hélicoptère ou aviateur à tes heures, il valait mieux que tu restes les pieds sur terre. Un bricoleur du dimanche, tu ne pouvais pas être bon en tout ! Un farceur à l’humour sans égal, au regard malicieux quand tu préparais un mauvais coup ou que tu t’apprêtais à raconter une carabistouille. Un épicurien qui savait apprécier toutes les bonnes choses de ce monde. Un homme bon. Mieux encore, bienveillant qui faisait le bien autour de lui. Un homme vrai et franc, à la générosité sans égal. Un éternel inquiet, doutant toujours de lui et de ses actions mais qui menait toujours toutes ses entreprises à bien. Une âme sensible, parfois solitaire et discrète. Et oui, il ne faut jamais se fier aux apparences ! Accro du micro, tu étais un orateur hors pair qui savait captiver son public. Tu possédais l’art de la plume et tu faisais ressentir ta passion à travers les mots. Tu étais le meilleur ambassadeur que les Voyages Léonard n’aient jamais eu mais surtout un mentor pour beaucoup d’entre nous. Sans oublier un guide de talent, doublé d’un marcheur expérimenté, émerveillé par la nature et le monde qui l’entourait. Tu avais ce brin de folie qui faisait sourire tout le monde. Tu étais notre rayon de soleil, tu étais toujours dans tous les coups, tu étais tout simplement notre complice à nous !
Si bons soient-ils, méfions-nous des souvenirs comme d’une montre arrêtée. C’est peut-être pour cela que tu en portais deux. Les souvenirs font partie du passé : ils ne sont pas une fin en soi. Cultivons plutôt ce qu’ils révèlent : la bienveillance comme art de vivre, l’émerveillement comme savoir-vivre, l’humour comme état d’esprit.
Quelle chance d’avoir croisé ton chemin. Quelle leçon de vie tu nous as donné.
Bon voyage G !"